Covid-19 : Discovery, c'est quoi ? A Dijon et Besançon, les médecins testent 4 traitements contre le coronavirus

Les CHU de Besançon, Dijon et 18 autres hopitaux y participent. Le projet Discovery vise à tester au niveau européen l’efficacité de 4 traitements déjà connus sur des patients atteints de formes grave du Covid-19. Parmi eux, la désormais fameuse chloroquine qui fait tant parler.

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Discovery c’est quoi ?


En Bourgogne Franche-Comté, les CHU de Dijon et Besançon sont les 2 établissements impliqués. L’essai clinique Discovery, c’est un projet européen impliquant la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne. L’objectif est de tester l’efficacité sur le coronavirus Covid-19 de 4 traitements déjà connus et utilisés pour d’autres pathologies.

En France, l'essai Discovery doit inclure au moins 800 patients dans une vingtaine d’hôpitaux. Le projet est piloté par le Professeur Florence Ader, du service des maladies infectieuses et tropicales des Hospices civils de Lyon et chercheuse au CIRI, le Centre international de recherche en infectiologie.

"C'est un essai d'une importance extrême, détaille le Professeur Lionel Piroth, l’un des deux à coordonner le projet au CHU de Dijon. Il doit permettre de déterminer si, parmi les traitements qui sont supposés avoir une activité sur le coronavirus, il y en a un qui se détache comme étant la meilleure option possible"
 

La fameuse Chloroquine et les autres molécules…

4 traitements expérimentaux sont testés. « Ces molécules sont connues pour la plupart depuis très longtemps, explique le Professeur Piroth. "Mais aucune n’a pour l’instant démontré son efficacité dans une infection à Coronavirus chez l’homme."

Quelles sont ces molécules ?
  • Le remdesivir : C’est une molécule habituellement utilisée dans le traitement contre Ebola. Des essais in-vitro et chez l’animal se sont révélés encourageant dans le cadre du Covid-19. 
  • Le Lopinavir/Ritonavir : C’est un anti-VIH connu depuis une vingtaine d’année mais « qui n’est pas simple à utiliser » avertit le Pr. Piroth
  • La combinaison lopinavir/ritonavir + interféron : L’interféron  est une molécule utilisée notamment dans le traitement de la sclérose en plaque pour stimuler les défenses immunitaires. Il sera testé en complément de l'Anti-VIH.
  • L’hydroxychloroquine : La chloroquine pour les plus familiers. Tout le monde en parle depuis les déclarations du professeur Didier Raoult à Marseille. Ce traitement est habituellement utilisé pour certaines maladies auto-immune ou, sous une certaine forme, dans le traitement préventif contre le paludisme.
Une cinquième option thérapeutique maintenant la prise en charge habituelle des patients est prévue, sans aucune de ces molécules. « Aucune  n’a fait montre d’efficacité jusqu’à présent, on ne peut pas dire qu’elles soient meilleures que la façon actuelle de prendre en charge les malades » explique le Professeur Piroth. Le but est de comparer la situation des malades à qui l'un des 4 traitements est appliqué aux autres patients atteints du Covid-19.

"La liste de ces médicaments potentiels est par ailleurs basée sur la liste des traitements expérimentaux classés comme prioritaires par l’Organisation Mondiale de la Santé" explique l'INSERM dans un comuniqué. 
 

Quels sont les patients concernés ?

En France, au moins 800 malades sévères doivent participer à l’essai clinique. A Besançon, l’objectif est par exemple d’en inclure une trentaine d'ici la mi-avril. Alors comment sont-ils choisis ?

« C’est un essai scientifique » prévient tout d'abord le Pr Piroth. « Pour que ses résultats soient interprétables, il faut que ni les médecins, ni les patients ne choisissent les traitements ». L’attribution de l’une des 5 options thérapeutiqueS se fait donc par tirage au sort.

A terme, au CHU de Dijon, l’essai pourrait inclure plus de patients que prévu en raison du nombre important de malades volontaires. « On a un taux d’acceptation important et une mobilisation de toutes les équipes du CHU. On devrait inclure peut-être un peu plus de malades que ce qui était prévu. »
  

Pourquoi réserver cet essai aux malades les plus graves ?

« Ces traitements ont tous des effets indésirables » avertit le professeur Piroth. « L’acceptation des effets indésirables sera d’autant plus large que l’état du patient est grave. La majeure partie des patients qui vont faire une infection à Covid vont guérir spontanément. Pourquoi leur faire subir un traitement à effets indésirables alors qu’ils vont guérir ? »

L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient détaille l'INSERM. Ensuite, tout dépendra de l'état de santé des patients. Certaines personnes resteront donc plus longtemps si leur etat ne s’améliore pas.
 

Quand seront connues les conclusions de l’essai Discovery ?


« En théorie, les résultats seront connus dans très longtemps. » Il faudra en effet plusieurs mois pour que les résultats de tous les patients dans chaque pays soient analysés et comparés. Pour l’instant, la France est le seul pays à avoir mis en application cet essai thérapeutique sur les premiers patients atteint du coronavirus.

"Très rapidement les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules" - Pr Florence Ader


Mais dans la pratique, les premiers enseignements pourraient être tirés un peu plus vite. "L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient" explique l'INSERM qui met en avant un essai "adaptatif". "Très rapidement les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche. Nous pourrons donc réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades », analyse le Professeur Florence Ader à Lyon. 

« Plus les gens sont inclus rapidement [dans l’essai clinique], plus rapidement seront obtenus des résultats et plus rapidement seront tirées des conclusions pour la pratique courante du soin » espère le Pr Piroth.
« Si on inclue très vite des patients, comme c’est le cas pour la France, on pourrait avoir les résultats beaucoup plus précocement que ce que l’on pouvait attendre initialement. »

Un autre essai mondial baptisé Solidarity et coordonné par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) est également lancé. Discovery y est associé. Il devrait contribuer à apporter d’autres données se réjouit le professeur.

Regardez en intégralité l'interview du Professeur Lionel Piroth : 

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